samedi 7 décembre 2013

au matin suivant

dans l’abîme au milieu d’eux
chacun depuis sa cime
ils s’étaient élancés
 
de l’abîme au milieu d’eux
ils partageaient l’espace
mais sans doute pas le temps
 
des rayons d’argent révélaient
dans le plumage pourpre de l’une
des reflets de nuit
 
des rayons ardents donnaient
au plumage doré de l’un
des accents de feu
 
dans l’abîme
 
confiant leur corps aux courants descendants
tous deux ils avaient goûté
aux frémissements nés
de leurs émotions conjuguées
 
dans l’abîme
 
confiant leur corps aux courants ascendants
ils avaient initié leur danse
mêlant le plumage de la nuit
au plumage du jour
 
au matin suivant
traversant la nuit
traversant le jour
l’oiseau bleu avait surgi
 
hors de l’abîme
 

 
 
 
 
 
 
 

dimanche 29 septembre 2013

(…)

peut-être que le froid
                                      à mesure qu’on avance
se fait moins mordant
                                      à mesure qu’on prend de la distance
peut-être même échange-t-on
                                      le blanc de la banquise
contre celui
                                      du désert brûlant

                                      mais pour l’instant
une seule urgence

se retirer de l’agitation
                                      du monde
plonger au cœur du silence
s’aventurer dans ces lieux mystérieux
                                      qui appellent

                                       (« on se donne rendez-vous
                                      dans les cavernes près de la mer »)

   se retirer
                                      pour que cessent les vibrations
entraves à  l’écoute
obstacles aux visions

alors on rallume le jour
                                      tout autour
pensant que peut-être
trop occupé qu’il sera
il en oubliera de briller
                                      là-dedans

puis on commence enfin
à apprivoiser la nuit
                                      la seule nuit
intérieure
qui se consume
ne laissant derrière elle
qu’un lit incandescent

°
paupières closes
°
sur fond de pourpre

une multitude
de petites marques
inconnues mais familières
semblables et pourtant distinctes

des arches                ce sont des arches
aux reflets indigo
baignées de nuit
plumes de corbeau
rythment l’espace
accouchent du temps
°

de ton côté au mien
de mon côté au tien
                                      navette
dessus dessous
dessous dessus
                                      navette
de toi à moi
de moi à toi
                                      vocables
portent en eux
                                      leur voix





extrait de ce poème publié ce jour dans la revue 17secondes, merci à eux
http://revue17secondes.blogspot.fr/p/numeros.html

vendredi 5 juillet 2013

Sur le ventre du dauphin

Parce qu’il n’existe pas d’autre choix
Que celui-là
Parce que ce qui vit en soi
Veut vivre à l’extérieur
Parce que c’est ainsi la destinée des mots qui te sont confiés
Eternité après éternité
Parce qu’on ne t’a pas demandé si tu acceptais la mission
On t’a donné rendez-vous et tu as répondu
Bon gré mal gré sans savoir ce qui t’attendait
Ce n’était pas un choix
Ce message s’autodétruira

Et même si depuis
Tout n’a été que vaines tentatives
Ce sont tes tentatives
Et c’est la seule justification
Dont les lignes ont besoin
Pour aller vers leur naissance
Comme tu es allé vers la tienne
Pas d’autre choix que
Cette tentative de dire
         (première inspiration)
De donner à lire
         (première expiration)
A entendre
         (et le cri déchirant)
 L’écho de quelque chose qui vibre en soi
         (c’est ta vie maintenant)
Et qui vibre en l’autre
         (à qui sont ces mains)
Et qui vibre en tous
         (et tous ces visages)
On n’est rien qui vaille parce que tous
         (je viens de l’eau mon refuge)
On n’est rien
         (quelle est cette douleur)
Un rien vacillant
         (qui transperce mes yeux)
Rien que le souffle d’un baiser
         (et sur ma peau le froid)
Sur la peau chaude et tendre
         (et en dedans la peur)

Du ventre du dauphin