je suis au loin
mon âme
est restée dans les verts
et les brumes
dans les hurlements des vents
et les grondements des vagues
je suis née sauvage
là-bas
j’ai dormi
lovée dans la fureur des éléments
j’ai saisi les roches déchirées
pour me taillader les veines
je suis morte cent fois
d’extase
et suis ressuscitée d’une gorgée de Whiskey
ou de quelques-unes
°
je suis rentrée au pays
à moitié seulement
ou peut-être
même pas
je suis loin de tout
loin d’ici et loin de là-bas
loin de toi et loin de moi
le silence est descendu sur mes cheveux
il a ruisselé sur mes épaules a pénétré ma peau
je suis caverne se languissant de la mer
je suis rocher amoureux du coquillage
j’oublie de lire
et de dire
je suis perdue dans les couleurs
dans les sons
tu me manques
les océans sont trop vastes et nombreux
parfois je te cherche encore en même temps que je me
cherche
parfois je meurs de ne plus
te
me
nous
chercher
le romarin
branche sèche après branche sèche
est mort lui aussi
d’avoir trop vécu
les tournesols ont fleuri
de toutes petites fleurs
très
très hautes
comme usées
à chercher trop longtemps
un soleil disparu
c’est peut-être ainsi
- on a gradient to vanishing -
que les âmes et les âmes
vont et viennent
viennent et vont
dans le chatoiement des micas
°
dans l’humus de nos peaux
compostées
on se nourrit
on s’abreuve
on porte fruit
cachant en nos cœurs
sous notre peau luisante
et notre chair sucrée
le germe du silence